Innovation, ce vide qui risque de tuer votre entreprise !

Force est de constater que, malheureusement, bon nombre de nos entreprises n’ont pas intégré dans leur organisation cette notion souvent négligée d’innovation. Par manque de temps, de considération ou de formation, beaucoup de nos secteurs économiques algériens sont à la traîne, incapable de se renouveler ou de se « moderniser ». Cet article a pour but de revenir sur les fondamentaux et d’expliquer pourquoi il est indispensable d’intégrer cette culture de l’innovation dans son entreprise.

Qu’est-ce que l’innovation ?

Pour commencer, mettons-nous d’accord sur les définitions. Le concept d’innovation a beaucoup évolué au cours de l’histoire, voici quelques définitions :

Selon l’OCDE « L’innovation se définit comme l’ensemble des démarches scientifiques, technologiques, organisationnelles, financières et commerciales qui aboutissent, ou sont censées aboutir, à la réalisation de produits ou procédés technologiquement nouveaux ou améliorés ».

En somme, l’innovation dans l’entreprise recouvre un large éventail d’activités destiné à améliorer la performance des entreprises. Cela comprend le développement d’un nouveau produit ou d’un service, l’amélioration d’un circuit de distribution, d’un processus de fabrication, d’une méthode de vente ou d’une méthode d’organisation, … C’est le processus de transformation d’une idée vers un résultat au service de la performance de l’entreprise.

L’innovation n’est pas synonyme de technologie. Par exemple, innover financièrement c’est ce qu’a fait le journal Le Monde en transformant ses lecteurs en actionnaires. Innover commercialement c’est l’idée de Tupperware en diffusant ses produits par quelques clients relais. Il y a donc plusieurs axes possibles d’innovation à explorer dans l’entreprise.

L’innovation n’est pas une opération de communication, comme une couche de vernis sensée donner un coup d’éclat à l’entreprise ! C’est une activité à part entière d’expérimentation qui concerne l’ensemble des collaborateurs et des structures internes de l’entreprise. En effet, les temps changent, les individus sont connectés et formés et peuvent avoir des idées, quelques soient leurs postes, et l’envie de participer à la conception de nouveautés dans leur organisation.

La culture d’innovation dans l’entreprise, c’est justement de faire en sorte que tous les collaborateurs soient impliqués dans les processus d’innovation.

Pourquoi innover ?

Les avantages d’avoir un pôle d’innovation dans son entreprise peuvent être multiples :

  • L’émergence de nouvelles idées pour développer de nouveaux produits et services
  • Évaluer et tester de nouvelles technologies
  • Concevoir de nouveaux business modèles pour répondre à son marché
  • Améliorer des processus d’organisation ; Etc.

Une étude mondiale publiée le 23 juillet 2015 par Altimeter Group et Capgemini : « The innovation Game : Why and How Businesses are Investing in Innovation Centers » présente comment les grandes entreprises répondent à la nécessité d’innover.

Selon ces grands groupes interrogés, les bénéfices liés à la création d’un centre d’innovation au sein de leur entreprise sont :

  1. La création d’idées nouvelles
  2. L’émergence d’une réactivité et une souplesse que sa taille lui avait fait perdre
  3. Le renforcement de la capacité du groupe à prendre des risques
  4. La croissance de la capacité à attirer les talents
  5. L’augmentation de l’implication des salariés
  6. La construction d’une culture de l’innovation.

Comment innover ?

L’innovation est donc ce qui consiste, pour une entreprise, à proposer quelque chose de nouveau. Voici un schéma descriptif du processus direct d’innovation en entreprise, pour arriver à ce résultat :

Ce processus décrit une approche dite « market-pull » mixée à un processus de création « Lean start-up » qui permet de minimiser le time-to-market. Les idées d’innovation partent de l’étude des besoins (exprimés ou non) du marché. Le service marketing au sens stratégique, est central dans ce processus. C’est lui qui doit s’occuper de l’analyse des segments de marché actuels et visés, du positionnement stratégique des produits de l’entreprise et qui évalue les enjeux des nouveaux produits -image, marque, … Le service R&D, dans ce cas, apporte des réponses techniques aux besoins exprimés en termes fonctionnels.

Quelle organisation dans son entreprise ?

L’étude précédente a identifié 4 modèles de centre d’innovation chez les grands groupes, selon ce qu’ils englobent comme activités et les investissements nécessaires :

  1. Les Labs internes d’innovation : c’est des laboratoires au sein de l’entreprise d’idéation et d’expérimentation.
  2. Les Labs hébergés dans les universités : le grand groupe investit alors pour financer des recherches au sein même d’une université avec laquelle il monte un partenariat. Ce sont alors les chercheurs de l’université qui stimulent l’innovation dans le groupe. Par exemple le VAIL (Volkswagen Automotive Inovation Lab) qui permet au groupe automobile de s’appuyer sur des chercheurs de Stanford, moyennant une donation de près de 6 millions de dollars.
  3. Les Hubs communautaires : qui mettent en relation des start-ups et des mentors et de bénéficier de la force du groupe pour tester, développer et commercialiser les innovations. Par exemple le groupe Renault a créé le « Renault Square » qui regroupe des entreprises et des associations, dont le leitmotiv est d’explorer le futur des mobilités et les nouvelles manières de travailler.
  4. Les petites équipes technologiques, souvent placées dans des parcs technologiques importants (exemple : La silicon valley), elles permettent à des grands groupes de ne pas investir de façon trop importante au début et de tester les meilleurs modes de collaboration avec l’environnement technologique, et d’évoluer le plus souvent avec le temps vers un des trois premiers modèles d’Innovation Center.

Ceci étant dit, sans aller dans ces grandes structures pour de l’innovation directe en entreprise, une équipe projet transverse composée de personnes du service marketing et du service de R&D peut également constituer la réponse au besoin. Pourquoi ne pas prendre pour modèle les « pizza Team » ? Il s’agit d’un concept créé par Amazon constituant une équipe innovation composé de 8 personnes c’est à dire l’équivalent de 2 pizzas ! En effet, Amazon part du principe qu’en dessous de 5 personnes et au-delà de 12 on perd en cohérence et en productivité.

Quelles bonnes pratiques ?

L’étude Altimeter et Capgemini met en avant les facteurs clé de succès suivants, sur le modèle d’une pyramide de Maslow:

Pyramide bonne pratiques innovation – Etude Altimeter et Capgemini

Nous constatons donc que les bases pour un centre d’innovation réussi c’est de définir un objectif et de s’y concentrer. Une des difficultés principales identifiées par les auteurs de l’étude est celle de se situer à une bonne distance entre la réponse à des problèmes quotidiens et ponctuels et la concentration sur des objectifs à trop long terme.

Les auteurs de l’étude établissent également que le choix du mode de gouvernance (centralisé, autonome, …) n’a pas grande importance, du moment que des personnes expérimentées soient impliquées. Enfin, une des bases c’est que le financement doit être directement assuré par la direction générale.

La réflexion sur l’introduction de l’innovation et de la culture de l’innovation dans nos entreprises est à la fois un exercice de prospection et de veille, une politique RH forte en interne, une gestion du changement et une gouvernance acculturée et d’aide aux décisions d’investissement. Bien conduit, un programme d’innovation peut aider l’entreprise à construire des avantages concurrentiels durables et avoir un ancrage fort sur son marché.

Actuellement, les politiques et les économistes cherchent des solutions pour favoriser les entreprises nationales, dans un contexte de forte concurrence à l’échelle mondiale. Le développement de clusters d’innovation, qui favoriseraient l’open innovation, peut-être une des solutions qui permettront à moyen et à long terme aux entreprises de constituer des pôles de compétitivités. Ces clusters ont par ailleurs déjà fait empiriquement leur preuve sur le plan international.

Laisser un commentaire